L'ENTRE-DEUX FÊTES

C’est cette période entre Noël et Nouvel An où on a l’impression d’être dans une faille spatio-temporelle. La frénésie fait place à une certaine lenteur. Les jours s’écoulent doucement. Il n’y a pas vraiment d’horaires. On accommode les restes, recycle les bouillons en risottos, transforme les fonds de bouteilles en sauces... Les ventres sont lourds, les têtes embrumées. On n’a pas assez dormi et les émotions ont été fortes.

On s’est retrouvé en famille, quand on a la chance d’en avoir encore une. Recomposée ou un peu disloquée, mais la famille. On s’est souvenu de ceux qui ne sont plus là. Pincements au cœur. On a pensé à ceux qui n’ont pu être présents, pour différentes raisons. Re-pincements au cœur. On a embrassé, ri, aimé. On s’est engueulé aussi un peu... Trafic normal...
Ce calme... ce petit spleen juste avant l’an neuf. On fait des listes. De ses envies, de ses souhaits, de ses rêves, de ce que l’on ne veut surtout pas revivre. Les bonnes résolutions qui ne tiendront que jusqu’à la mi-janvier. Chaque année. Les mêmes rituels. Se rassurer. Se dire qu’on fait les choses dans l’ordre.
On diminue la pile de livres qu’on a amassés les semaines précédentes, nous les ceintures noires de tsundoku... à ce propos, lisez « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » de Jean-Paul Dubois... la couverture la plus moche de toute l’histoire de l’édition, mais c’est un livre merveilleux, dernier Prix Goncourt... on s’en fiche du Prix, le livre vaut la lecture.
Et voilà... le temps est là... quelques rares jours dans l’année où on se consacre à soi. Rien qu’à soi... Avaler les films qu’on aime, avec gourmandise. Traîner plus longtemps que de raison en pyjama, en nuisette ou nu dans son lit et ne pas culpabiliser. Partir se balader dans la nature à n’importe quel moment de la journée. Et avec les années, ne plus être en peur panique de ne rien avoir au programme du 31. Être même soulagé de ne plus avoir à faire la fête sur commande. Se réjouir de se lever frais le 1er janvier et d’entamer la nouvelle année sans cachet d’aspirine, sans petits lutins qui carillonnent dans nos têtes et sans avoir mal aux cheveux... quand il nous en reste...
L’entre-deux fêtes, ce moment suspendu...

Stéphanie Tschopp

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