NOUVELLES PIÈCES COURTES - Cie DCA / Philippe Decouflé

 Je vous rassure, personne n’a quitté Equilibre, contrairement à il y a quelques années où Decouflé me faisait jubiler de bonheur en simulant la mise bas d’un gnou en talons aiguilles dans OCTOPUS, et où ces mêmes talons frappaient le sol comme une armée de guerriers et faisaient bondir par la même occasion quelques grenouilles de bénitier hors de leurs sièges, outrées de constater que oui, les femmes ont des seins et oui, certains hommes marchent mieux avec des hauts talons que bien des femmes...

Dans ces NOUVELLES PIÈCES COURTES, les tableaux ne sont pas tous à mon goût, même si j’avoue avoir bien ri et que bien des fois, je me trémoussais sur mon fauteuil avec une envie quasi irrépressible de monter sur scène pour me joindre aux réjouissances, aéroportuaires notamment.

Decouflé possède ce génie de faire se rencontrer différentes morphologies de danseurs, ce qui donne au tout une élégance et une humanité folles.

J’ai retrouvé avec bonheur les jeux de miroir qui me fascinent depuis de longues années, sous une forme différente, celle de la vidéo. Et un petit cadeau que j’ai attendu presque jusqu’au dernier tableau: des souliers rouges, vernis, d’une hauteur vertigineuse!

J’ai été émue aux larmes par ce duo de femmes qui débute en ombres chinoises, où les deux corps se confondent à la perfection... une ode à la féminité dans tout ce qu’elle a de gracieux, de délicat et de naturel... ne cachez pas ces poils pubiens! Superbe!

Et ce tableau où il se réapproprie la théorie de l’évolution m’a secoué les tripes.

David Foenkinos écrivait dans La Délicatesse : « A cause de la moquette, on n'entendait pas le bruit de ses talons aiguilles. La moquette, c'est le meurtre de la sensualité. Mais qui avait bien pu inventer la moquette? » Voilà, c’est mon seul petit regret, il y avait peut-être un peu trop de « moquette », ce qui rendait le tout un chouïa trop confortable, trop sage, trop ronronnant à mon goût.

Cela dit, voir des chorégraphies de Decouflé, c’est toujours un incontournable, une occasion rare sous nos latitudes et sur laquelle il faut sauter. Alors, sautons... mais en talons, s’il-vous-plaît! C’est plus excitant quand il y a un peu de risque ...

Stéphanie Tschopp