SUPERFICIEL ET LÉGER...

Émotionnellement, c’est un choc. Alors, c’est « à la suisse », dans le consensus... on compte sur la responsabilité individuelle... on fait confiance... avec plus ou moins de succès. Certains s’autoconfinent et n’attendent pas qu’on le leur ordonne, d’autres prennent la chose plus à la légère, ne se sentant pas concernés... ils sont invincibles, pensent-ils. Soit... Alain Berset, en bon père de famille nombreuse, environ 8 millions « d’enfants », compte jusqu’à 3. Si à 3 vous n’avez pas encore compris que vous devez rester chez vous, limiter vos déplacements à l’essentiel, ça va barder... il en est à 2,5... Et certains n’ont toujours pas compris l’urgence de la situation... ils sont invincibles, pensent-ils...

Et moi... moi, j’essaie de mettre de la légèreté dans mon quotidien... dans ces quelques mètres carré que j’aime pourtant à retrouver en temps normal... je nettoie. Beaucoup. Je range. Trop. On dirait un musée. C’est comme s’il n’y avait plus de vie. Plus rien ne traîne sur la table de la cuisine. Ces petites choses jetées négligemment entre le travail et le théâtre, le concert ou le cinéma. A la hâte pour ne pas arriver en retard... ça va... du temps j’en ai maintenant, le soir... donc plus rien ne traîne. Mon appartement, d’ordinaire si vivant, si chaleureux, est devenu un peu stérile...
Le chat mue. Il me rappelle, en vomissant ses poils en boules, que le printemps est là. Que les saisons poursuivent inexorablement leur ronde... que les pâquerettes vont fleurir, que les arbres vont virer au vert tendre... et que je ne suis pas là pour les célébrer, en terrasse, un verre de vin à la main, le rire aux lèvres et l’amitié en écharpe...
La tentation de se laisser aller est grande... travailler en chaussettes, les cheveux en bataille... mais je n’y cède pas. Ce n’est pas bon pour ma tête. Les rituels changent. Je prends le temps de les accomplir. Je respire ma crème pour le corps, elle dont j’avais presque oublié l’odeur... je l’applique avec soin... le seul contact physique qu’il me reste: mes mains.
Mon parfum préféré m’accompagne d’un seul pschit.... il ne faudrait pas épuiser cette odeur réconfortante trop rapidement... et je me maquille, légèrement, mais je le fais. Pour moi. Pour ne pas perdre la main, et parce qu’être coquette, bon sang, ça fait du bien! Un peu de superficialité dans un monde qui est devenu encore plus lourd...
Mes robes printanières, choisies avec soin et envie, sortent de l’armoire, conquérantes, joyeuses, légères... avec peut-être une certaine arrogance... un pied de nez à la morosité. Elles virevoltent dans le salon, en attendant des jours meilleurs. Elles ont le mérite d’être vivantes... et je le suis aussi...
Mettre un peu de superficiel et de léger dans ce nouveau quotidien...

Stéphanie Tschopp

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