UN PEU D'AIR...

Réorganiser le quotidien. Lui donner un nouveau rythme. Le structurer pour ne pas s’empâter. Tenter de se vider la tête. Calmer les inquiétudes pour les personnes chères. Garder la tête froide. Ne pas céder à la panique. Fatiguer le corps pour que les nuits se fassent. Couper les réseaux le week-end. Ne pas céder à la tentation de se surinformer, au risque de se désinformer. Rester lucide et pragmatique. Inspirer. Expirer. Respirer.

De nouveaux rituels s’installent. Cette leçon de gym que je suis avec assiduité tous les matins, avant d'entamer la journée de télétravail. J’alterne. Une fois cardio, une fois abdos-fessiers... une fois yoga. Oui, je me mets au yoga dans mon salon, sous le regard ébahi du chat, qui n’y comprend pas grand chose... je vais ressortir de ce confinement avec un corps de déesse en caoutchouc... Inspirer. Expirer. Transpirer.
Ces plans de menus que j’établis, pour acheter uniquement les aliments dont j’ai besoin. Ne rien jeter, ne rien gaspiller. C’est encore plus présent qu’avant. Je ne peux pas manger des pâtes pendant plusieurs semaines... ce n’est pas possible. Physiologiquement, c’est dangereux pour moi. Ma tuyauterie interne, réaménagée il y a quelques années, ne me le permet pas... Alors je jongle avec ce que je trouve comme produits frais. J’invente. Je crée. Je transforme. Heureusement je sais cuisiner... ça me facilite les choses. Inspirer. Expirer. Cuisiner.
Je reste connectée la semaine, job oblige, mais je coupe tout le week-end. Préserver ma santé mentale. Un peu d’air. De lecture. D’évasion. Fermer les yeux et laisser place à l’imagination. Inspirer. Expirer. S'aérer.
Calmer les inquiétudes. Ces téléphones qui ne rassurent pas du tout. Ces amis trop lointains pour que je puisse les aider. Ne pas culpabiliser... Inspirer. Expirer. Ne pas pleurer.
Tenter de trouver le sommeil, alors que le corps ne s’est pas suffisamment fatigué, que le cerveau mouline... fleurs d’oranger, lavande, tout y passe... même de vagues notions de sophrologie où je vide des tonnes de sacs de sable... ça ne calme pas, ça gratte... Inspirer. Expirer. Déblayer.
Inspirer. Expirer. Je n’ai jamais autant respiré en ayant si peu d’air...

Stéphanie Tschopp

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