2,5 gr d'espoir...

«Mélange de fleurs sauvages pour balcon»... fleurs sauvages pour balcon... c’est bizarre, non? Il y a quelque chose d’antinomique là-dedans... apprivoiser le sauvage dans quelques centimètres carré, dans le cas présent, sur un rebord de fenêtre. Pour moi qui suis réfractaire aux cadres, limiter l’expression de quelques fleurs sauvages à un pot sur mon rebord de fenêtre a un petit je-ne-sais-quoi de paradoxal...

Il y a donc dans ce sachet de 2,5 grammes de graines, un petit espoir. Cultiver la liberté. Lui donner un espace d’expression, même s’il est restreint. On fait avec les moyens du bord! Je vais donc m’y atteler cet après-midi. Et je vais prendre mon temps... je vais mettre une intention sur chaque graine. La semer, la nourrir, la protéger ces prochaines semaines. Lui laisser le temps de prendre racine, de se consolider. Et la laisser s’exprimer dans toute sa folie de «fleur sauvage pour rebord de fenêtre». Un petit espace de nature à portée d’arrosoir.
Semer, je sais faire. Je suis un véritable petit Poucet. Celles et ceux qui me connaissent le savent... je passe ma vie à semer des petites attentions, des mots doux, des mots tendres, des mots surprises... comme des caresses sur des visages... Je crois que je sais prendre soin des autres, beaucoup moins de moi, par contre. Je ne m’écoute pas beaucoup. Je devrais plus le faire. J’écoute beaucoup, je soutiens, j’encourage... je réponds toujours «présente!» quand on a besoin de moi. Je ne demande par contre que très rarement de l’aide. On me le reproche régulièrement... que voulez-vous, je suis secrète et sauvage, comme ces 2,5 grammes de graines... Parfois, c’est beaucoup à porter pour mes petites épaules, mais j’arrive à me regarder dans le miroir tous les matins en me disant que je fais de mon mieux... et que mon mieux, c’est déjà pas si mal.
Je vais donc cultiver ce petit bout d’univers sur mon rebord de fenêtre... et le regarder s’épanouir, comme je regarde les gens que j’aime reprendre confiance en eux et en la vie, avec tendresse. Je ne vais pas pouvoir m’y promener pieds nus, comme j’aime tant le faire, mais je m’y promènerai yeux nus, grands ouverts.
Il arrivera ce moment, inévitable, où ces fleurs sauvages n’en auront plus rien à faire de mon arrosoir, et préféreront à ma petite pluie fine, le vrombissement de quelques abeilles butineuses... mais je garderai au fond de moi cette petite et fragile consolation, que leurs jolies et aguichantes corolles, c’est à moi qu’elles les doivent. À mon soin et à ma patience... les fleurs sauvages ne nous appartiennent pas, c’est là leur charme... En attendant: silence, ça pousse.

Stéphanie Tschopp

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