LE PARFUM

Que celui ou celle qui n’a pas lu Le Parfum de Patrick Süskind se dénonce!

Je l’ai relu hier soir, cette nuit... Je n’ai jamais autant compris la quête de Jean-Baptiste Grenouille. Emprisonner les odeurs. Celles qu’on aime et qui nous font ressentir des émotions fortes. Comme Grenouille qui est saisi au corps par l’odeur de cette rousse aux yeux verts et qui n’aura de cesse de chercher à conserver les odeurs, lui qui en est dépourvu.
Ces odeurs qui nous font chavirer, qui nous remplissent le cœur. J’aimerais les avoir en petites fioles, alignées sur le rebord de ma bibliothèque. Les respirer à l’envie. Quand le manque se fait ressentir.
J’ai un truc avec les odeurs. Quand je pense à une personne que j’aime, c’est son odeur qui vient me chatouiller les narines. C’est la toute première chose. Puis viennent le regard, la voix, le rire. Pour les lieux que j’affectionne, c’est pareil. C’est l’odeur du lieu qui retient mon cœur.
Je suis cruellement en manque de certaines odeurs. Elles sont très difficiles à décrire. Je peux juste me reposer sur les sensations qu’elles génèrent.
Fermez les yeux... imaginez une pluie d’été sur le bitume... vous y êtes? Ça a un nom... le pétrichor... du grec ancien « petra » qui veut dire pierre et « ichor » qui désigne le sang des dieux... dingue, non? Moi, je trouve ça fabuleux!
Gardez toujours les yeux fermés... cette odeur de pâte à pain qui cuit... je suis sûre que vous la sentez - de toute façon vous êtes tous en train de faire votre pain au levain, donc, ne me la jouez pas à l’envers - elle est divine non? Elle n’a pas son pareil. On s’y roule, comme on s’enveloppe de sa mie aérienne...
L’odeur de mon théâtre préféré... l’endroit où je me sens à la maison dès que j’y pose les pieds. Pas uniquement parce que j’y croise les gens que j’affectionne le plus, mais parce qu’il y flotte une odeur que je reconnaîtrais même les yeux fermés. L’odeur de la découverte, de la passion, de la colère, de la révolte, de l’excitation, de la surprise, de la sensualité, des rires, des larmes, de la beauté, de l’effroi, de l’amour, de l’amitié... et du p’tit verre de Cannonau... avoir cette petite fiole, étiquetée de son nom, sur le rebord de ma bibliothèque... je crois que je la reniflerais avec autant de frénésie qu’un animal truffier.
Jean-Baptiste Grenouille meurt dévoré, parce que le parfum qu’il a créé, et dont il s’asperge en retournant sur le lieu de sa naissance, rend les humains fous... « ... qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes ».
Tiens... je me demande qu’elle est mon odeur...

Stéphanie Tschopp

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