APRÈS...

J’ai un peu peur de l’après. Je ne m’en cache pas. Je n’en ai pas honte.

Les premières semaines, j’étais remplie d’espoirs. Nous avions tous reçu un bon panpan cucul qui allait remettre nos idées en place, notre société sur le bon chemin... que nenni.
Jour après jour, semaine après semaine, mes espoirs s’amenuisaient. La nature humaine révélait, post après post, sa véritable nature. J’en ai eu des haut-le-cœur. Violents. Profonds. Décevants. Finalement, rien ne changera... il va falloir composer avec... continuer à crier, à se rebeller, à se battre pour plus d’équité, plus de solidarité, plus de fraternité.
J’ai appris, à titre personnel, que je pouvais faire avec beaucoup moins que ce que j’imaginais. Ça, je vais le conserver précieusement. J’ai aussi appris que les petites plages d’ennui étaient nécessaires. Que je devais arrêter d’avoir peur du vide. Que le vide n’allait pas m’aspirer, mais me remplir. Me remplir d’idées, d’envies. Que cet espace de calme redonnait vie à mes rêves et les intensifiait.
J’ai aussi appris à redéfinir mes limites. Celles que je croyais posées ne l’étaient en fait pas du tout, ou elles l’étaient, mais de manière plutôt floue. Aujourd’hui, je les sens dans mon corps. Elles sont là, posées en précieux garde-fous. Il y a des comportements à mon égard que je ne tolérerai plus jamais à l’avenir. Dire «non» ne va pas faire de moi une mauvaise personne ou une personne moins aimable pour les personnes qui me connaissent et qui m’apprécient. Et il y en a. De belles, d’authentiques et de sincères. Il y a eu de belles découvertes humaines, des rapprochements merveilleux, des fous rires mémorables, des confidences bouleversantes. Merci pour ça.
J’ai découvert, comme décrit plus haut, que je pouvais faire avec beaucoup moins. A contrario, j’ai reçu la confirmation que je ne pouvais pas faire sans la culture. Elle me nourrit. Le cœur, la tête, le corps. J’ai le sentiment de me diluer sans elle. De perdre en consistance et en intensité. D’être une funambule sur un fil, qui au moindre coup de vent peut perdre son équilibre. Que je ne pouvais faire sans l’amitié, la tendresse et l’amour. Je ne peux faire sans, au risque de m’éteindre à petit feu.
J’ai aussi découvert - même si au fond de moi je le savais déjà sans oser le reconnaître ouvertement - que j’ai besoin d’écrire. Que ce n’est pas un caprice, mais un besoin. Comme boire, manger, dormir, respirer, aimer. Dans le désordre. Écrire est un besoin. Je vais lui laisser de la place. J’ai constaté que cette soudaine absence de frénésie sociale avait ouvert des portes, des fenêtres, poussé des murs, élargi mon espace. Les mots arrivaient, facilement. L’envie était omniprésente. Écrire... encore et encore. Ce n’était pas juste un échappatoire... non, c’était beaucoup plus que ça. Et ça, je vais le cultiver. Je vais y travailler. Je vais apprendre. Il n’est jamais trop tard pour apprendre.
Rien ne va changer... je serai toujours aussi malheureuse qu’un cure-dents de voir le monde se défaire avec aussi peu de prise de conscience... mais je vais révolutionner mon petit monde, avec passion et authenticité. Ce sera déjà un début.

Stéphanie Tschopp

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