KLANGGG ... de fin - NOF

 Toute bonne chose a une fin paraît-il... et c'est une fin en feux d'artifice que nous a proposé le NOF, Nouvel Opéra Fribourg pour clôturer le surprenant et palpitant festival KLANGGG! Oui, avec 3 G, comme Génial, Grandiose, Gargantuesque.

Au pays de la double crème, il fallait bien un double plateau en dessert. Une salle, deux ambiances... un peu comme les boums de nos camps de ski d'antan, quand on se léchait les bouches comme les débutant.es qu'on était, recouvert.es de laque à cheveux pailletée, eau-de-colognisés et maquilllées comme des voitures volées... Ce soir, il y avait à peu près autant d'épaulettes qu'à l'époque!


Petite mise en bouche kitsch et décalée avec PIANO-BAR de Rébecca Balestra. Une gueule de bois sentimentale. Ce moment où le canapé est ton meilleur ami et la salle de bain ton pire ennemi, où les filets de perches de Rolle sont les seuls arguments que tu arrives à avancer pour faire revenir l'élu.e. Ce serait sympa de se faire des filets de perches. À Rolle. Ça vend du rêve, Rolle. C'est ce moment où tout va tellement de travers, que même tes poils ne sont plus coopérants et décident de pousser vers l'intérieur et où le gant de crin vient leur titiller le bulbe pour qu'ils retrouvent le droit chemin du follicule! Oui, j'ai fait esthétique en 2ème branche, une fois, je ne sais plus quand... 

Copyright: Sheila Balestra

C'est savoureux, parfois aussi un peu ennuyeux... Mais c'est comme ça, les gueules de bois sentimentales, c'est ennuyeux. Ça traîne en longueur, pour les ami.es qui t'entourent, et c'est monocorde. Il y a parfois un petit éclat dans la journée, une tache post-masturbatoire sur une vieille photo de toi bien classée dans mon téléphone, quand on était sorti de la phase romantique et que les sextos excitaient notre pause-café... tu te souviens? On se souvient toutes et tous de ces moments.

Puis arrivent les douze coups de minuit, l'heure où les hommes pleurent comme des loups et où les femmes n'ont plus de chaussures de vair aux pieds. C'est la solitude. Rébecca sort alors la robe de Dalida, toute en lamé et épaulettes, pour donner le change aux paroles sombres et un peu salaces. Le lexique n'est jamais très reluisant dans les profondeurs de la déprime post-relation, mais Rébecca Balestra a su donner une jolie dimension, un peu vertigineuse et douce dingue, à ce lexique dont nous toutes et tous avons déjà fait l'amer tour. Accompagnée au piano par Grégory Regis, elle nous invite dans ce no man's et no woman's land avec une certaine nonchalance un brin provocante, qui nous donnerait presque envie d'y retourner et de nous saouler d'amour... mais n'oublions pas le cachet d'aspirine avant d'aller au lit... ça évite les lendemains difficiles. 


Que dire de la deuxième partie de soirée? Que dire de la voix stratosphérique de Timur? Que dire de cet arrangement électro de l'Air du Génie du froid tiré du Roi Arthur de Purcell? J'en frissonne encore... sombre et froid. Les larmes me sont montées aux yeux. Que dire de cette folie qui s'est emparée de la scène? Klaus Nomi, du moins sa réincarnation, débarque sur Terre. Un homme simple qui doit se contenter de faire ce qu'un homme simple sait faire. Clin d'œil au chanteur allemand, hors normes et  inclassable. KLAUS FROM SPACE nous a toutes et tous fait vibrer, nous dandiner sur nos chaises. Une extravagance rarement vécue en terres fribourgeoises. Ça fait tellement de bien! 

Timur revient sur les premières années de carrière du chanteur allemand et propose les morceaux tels que Nomi les avaient imaginés. Quel hommage! Quelle puissance! Je réitère mon énorme coup de cœur de samedi soir. Cette vision glam rock et new wave de l'opéra me plaît tellement et Timur est un chanteur exceptionnel, qui par ses propositions et projets, permet de décloisonner et de rendre accessible l'opéra au plus grand nombre. Un peu comme Klaus Nomi. Finalement la réincarnation n'était peut-être pas si factice que ça. Les artistes ne sont-ils pas des menteurs qui disent la vérité? Accompagné au synthétiseur, à la guitare et au thérémine par Grégoire Pasquier, Timur a livré une prestation qui restera dans la mémoire de celles et ceux qui y étaient. Oh ça oui! Et je sens que mes rêves vont être géométriques!

Le NOF, c'est quand vous voulez que vous nous refaites un si beau petit grand festival! 

Stéphanie Tschopp 

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