NOUS TRAVERSONS UNE LÉGÈRE PERTURBATION - Cie NUIT CORAIL

 Hier, en fin d'après-midi, pour la première fois depuis de nombreuses années, j'ai pris l'avion. J'ai embarqué pour une destination exotique: Nuuk. Comme j'ai toujours été une quiche en géographie, j'avoue avoir googlé pour savoir si Nuuk existait vraiment. Oui, Nuuk existe, même que c'est la ville la plus peuplée du Groenland, 18'800 habitants au dernier recensement, et sa capitale. J'embarquais donc pour Nuuk, avec la certitude de pouvoir briller lors des prochains dîners en ville. C'est chic de dire qu'on est allé à Nuuk, non? 

Crédit: Matthias Steffen

Alors, on ne va pas se mentir, le Castrum Airport, c'est pas l'aéroport de Zürich, hein, c'est un peu plus "soviétique". C'est austère, surchauffé, la salle d'attente est exiguë, les couloirs qui mènent au tarmac sont interminables et sombres. Le personnel de terre de la compagnie Blue Horizon est charmant, accueillant, souriant, probablement pour mieux faire passer le moment fort peu agréable du contrôle de sécurité. Si comme moi vous êtes du genre "tortue", c'est-à-dire que votre sac à main contient toute votre vie et un nombre considérable de "au cas où", préparez-vous à passer un moment un peu gênant. J'ai ri de bon cœur, même si je l'avoue, je n'ai pas toujours été à l'aise, mes petits secrets de femme ayant été dévoilés au grand jour... ce n'est pas grave, même si le rouge m'est monté aux joues. Tout cela n'était rien en comparaison du vol qui m'attendait. 

Arrivée sur le tarmac, je lève les yeux au ciel, il y a plusieurs avions qui tournent en rond en attente d'atterrir. Moi, je fais la queue, alors que certain.e.s ont opté pour le "speed boarding" et peuvent bénéficier d'un embarquement "accéléré". J'ai une place côté hublot, je suis heureuse, je vais pouvoir alimenter mon compte Instagram d'images de nuages. Youpii! Le commandant de bord nous accueille, comme d'habitude dans plusieurs langues, et comme d'habitude, on ne comprend rien à ce qu'il dit. Passés les traditionnels messages de sécurité, on décolle, non sans avoir pris un chewing-gum pour éviter la pression dans les oreilles... oui, vous savez comment. 

Crédit: Matthias Steffen

La compagnie est généreuse et propose différents menus, des films improbables, et des animations en cabine auxquelles on ne s'attendait pas. Vient le moment où ça se gâte. Tout part en cacahuète. Le commandant, le personnel de bord, même l'avion part en cacahuète. On voit sa vie défiler et le commandant abandonner son poste. As-tu dis aux gens que tu aimais que tu les aimais? Non? Dommage... 

Rolala... comment vous expliquer? Tout ce que je peux vous dire, sans trop dévoiler ce que ce vol unique comporte comme surprises, c'est qu'il est important que vous lâchiez prise sur la réalité. Il est important que vous réveilliez votre capacité d'émerveillement si celle-ci devait sommeiller. Activez votre imagination et vous vivrez un vol extraordinaire, troublant, flippant, hilarant. Vous vous rappellerez aussi à quel point les voyages de masse en charter sont indécents, qu'ils ne nous ont pas manqué ces derniers mois, mais que le théâtre, lui, qui plus est immersif, nous a rudement manqué. Personnellement, j'ai déliré pendant plus d'une heure, avec une chance incroyable, celle d'avoir un voisin de siège tout autant dans le délire que moi. S'il devait y avoir une compagnie avec laquelle je revolerai, c'est bien Blue Horizon. 

Vous êtes des petit.e.s chanceux.ses, plusieurs escales sont prévues en Suisse romande ces prochaines semaines, je ne peux que vous conseiller de réserver votre vol. Les prochains lieux d'embarquement sont disponibles ici

Stéphanie Tschopp


Création & Mise en scène: Loredana von Allmen

Jeu: Marie Sesseli-Meystre - Sandro De Feo - Marcin de Morsier -Loredana von Allmen

Composition: Marcin de Morsier

Chorégraphie: Judith Desse

Scénographie & Collaboration artistique: Christian Denisart

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