LES DEUX FRÈRES - Mali Van Valenberg

Magique! C'est le premier mot qui s'est échappé de ma bouche à l'issu du spectacle. Qu'il est bon de réveiller l'enfant qui dort en moi, d'un sommeil très léger je vous l'accorde. Qu'il est doux de se laisser transporter par nos imaginaires, de sentir nos cœurs sautiller de bonheur, nos yeux s'émerveiller, nos peaux frissonner. Toute une palette d'émotions que bien souvent, adulte, on se refuse à continuer d'explorer, tant on nous demande d'être dans la retenue, le contrôle. Ouvrez les vannes, et laissez-vous transporter dans la magie des contes!

Crédit: Diana M Photography

Capter l'attention des enfants, public extrêmement exigeant, n'est pas donné à tout le monde. À l'entrée du spectacle déjà, il y a un léger bruissement d'excitation, une certaine agitation, un soupçon d'impatience. Un "Il est quelle heure?" s'échappe de quelques bouches sur petits pieds qui attendent en file indienne devant la salle, billets bien serrés dans les mains. Les petit-es trépignent, les grand-es se sourient, attendri-es. C'est parti!

Depuis les coulisses, là où débute cette merveilleuse aventure, l'attention est palpable. Les yeux sont grands ouverts pour assister à une danse unique en son genre. Les comédiens et comédiennes s'activent. Les costumes volent, les marionnettes prennent vie. Quel ballet fascinant! Des petits doigts se lèvent en direction de quelques gnomes, fées ou plantes carnivores qui naissent derrière un micro. Surtout ne pas rater ce moment, regarde! Regarde comment tout cela s'anime. Tu savais, toi, que les plantes carnivores ont un appétit vorace, qu'elles mangent un peu trop vite, ce qui provoque d'étranges bruits? Tu savais qu'une seule paire d'oreilles suffisait à représenter un lièvre, un renard? Que de quelques tiges en bois, de papiers de soie, d'une couverture de survie, de carton, pouvaient naître une princesse, une montagne, un dragon, un oiseau d'or ou encore un méchant maréchal? À partir de  tous ces éléments, une histoire se construit. 

Lorsque vient le moment de se déplacer dans la salle et de voir le spectacle côté public cette fois-ci, l'étrange ballet se fait invisible et le voyage peut avoir lieu, avec toutes les clés qui permettent l'envol de l'imaginaire. Et quel voyage! Des forêts denses à l'évocation de l'Asie, de rencontres en rencontres, de dragons en sorcières, de sortilèges en sortilèges... les têtes roulent et se recollent grâce à des racines magiques... un peu à l'envers, mais on aime bien avoir la tête à l'envers!

Je ne vais rien trahir de cette histoire vieille comme le monde, si ce n'est que, comme dans tous les contes, et aucun ne fait exception, on apprend. On apprend à être une version meilleure de nous-mêmes, plus respectueux-se du monde qui nous entoure, qu'il soit humain, végétal ou animal.  

Crédit: Diana M Photography

Quelle merveilleuse idée que de donner accès aux coulisses d'un spectacle durant sa représentation! Même moi, qui suis une habituée des salles, côté coulisses, côté public et même côté scène - oui, j'ai un petit passif d'une bonne dizaine d'années sur les planches - je frétillais d'impatience. Il y a quelque chose d'émouvant pour l'adulte que je suis de découvrir dans les yeux des deux petits gnomes qui m'accompagnaient aujourd'hui de la fascination et une envie de reproduire ce qu'ils ont vu. Les entendre imiter le petit zozotement du lièvre, le rire machiavélique du maréchal, voir l'aîné se balancer sur la musique du dragon, ou simplement d'évoquer le fait qu'eux aussi peuvent faire un oiseau d'or à la maison. Ils se sont rendu compte qu'avec trois bouts de ficelle, ils pouvaient faire des choses incroyables. Un petit garçon a réalisé un de ses rêves aujourd'hui. À l'entendre parler, il s'en souviendra. 

Crédit: Diana M Photography

Vous dire encore que les marionnettes de Yangali Kohlbrenner sont sublimes. Que le plateau, réduit à un tout petit espace, qui n'est pas sans évoquer un castelet - c'est cet élément de décor qui permet de délimiter le cadre d'un théâtre de marionnettes - offre mille et une possibilités à nos regards de s'émerveiller. Que le texte, modernisé par Mali Van Valenberg est aussi réjouissant pour les plus petit-es que pour les grands enfants. Que Georges Grbic met en scène cette joyeuse troupe avec un ludisme pétillant et un sens de l'humour d'une rare finesse. Quel bel hommage au théâtre, à ses artisan-es, à leur créativité et à ces pouvoirs magiques que sont l'imagination et le rêve.

Il est tellement doux de rêver que je ne peux que vous inciter à vous rendre à Nuithonie encore ce dimanche 14 novembre à 11h et à 15h. Infos et réservations, ici

Vous pouvez aussi aller rêver au Théâtre du Passage à Neuchâtel, samedi prochain, le 20 novembre, à 11h ou à 15h. Infos et réservations, ici.

Stéphanie Tschopp



texte Jacob et Wilhelm Grimm

mise en scène Georges Grbic

assisté de Diana Meierhans

interprétation Simon Bonvin, Chine Curchod, Fanny Pélichet, Frank Semelet

dramaturgie, adaptation du texte Mali Van Valenberg

scénographie Yangali Kohlbrenner

musique Alexis Gfeller

lumière LE SAP

administration Mariana Nunes

production Cie Champs d'action

coproduction Théâtre Benno Besson – Yverdon-les-Bains







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