MON PÈRE EST UNE CHANSON DE VARIÉTÉ - L'outil de la ressemblance

 Ah, les chansons de variété ! Elles sont trop souvent moquées, non ? Et pourtant, qui par parmi nous n’a pas sa petite playlist toute spécialement dédiée à nos moments particuliers ? Le premier baiser… cherchez dans vos mémoires, sans doute vous souvenez-vous de ce slow langoureux qui vous a valu votre premier échange de salive et vos premiers papillons dans le ventre. Il figure de façon quasi certaine sur la playlist « ruptures amoureuses », celle que l’on écoute, lorsqu’abandonné-es, nous avons envie de nous adonner à une grande séance de pleurs. C’est que ça réconforte.  La force des chansons de variété, c’est que chacun-e (re)trouve dans leur universalité, une vérité personnelle. LE mot qu’on ne trouvait pas. LE résumé de la situation. C’est comme si les chansons de variété avaient le pouvoir d’amplifier le moment présent ou de sublimer les souvenirs. Elles gomment un peu les ratures et comblent les espaces creux, les chansons de variété.

crédit: Guillaume Perret

Robert n’a pas de père. Enfin, si, il en a un, mais il ne le connaît pas. Il ne sait même pas son nom. Il vient nous raconter comment, depuis sa plus tendre enfance, il a trouvé du réconfort auprès de pères de substitution aussi prestigieux que Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman, Brassens, William Sheller ou encore Barbapapa. Et surtout, le fait de ne pas avoir de papa le faisait entrer dans un club de gars plutôt cool et branchés comme Luke Skywalker, Actarus ou encore Jésus…

La légende du papa de Robert varie. Son père est un coup mort, un coup c’est un ami éloigné ou alors un proche de la famille. Que croire ? Qui croire ? Et si ce flou artistique visait tout simplement à préserver Robert de trop grandes déceptions ? Il faut peut-être le laisser rêver son papa, comme ça, quand il sera grand, il prendra sa vengeance et viendra nous embrouiller l’esprit comme on le lui a embrouillé, avec l’histoire de ce gars, Robert Sandoz, qui a grandi sans papa. Il en fera même son métier.

crédit: Guillaume Perret

Robert ne marche pas seul sur la scène qui se donne, il est entouré de la folie pailletée d’Adrian Gygax et enveloppé par la tendresse d’Yvette Théraulaz. C’est savoureux. C’est un grand sourire et un gros bec sur nos joues. Robert est malin aussi… quand l’évocation du papa inconnu vient lui gratter les ventricules d’un peu trop près, il change de rôle, quitte son t-shirt et enfile une veste en velours côtelé brun ou une perruque à bandeau. Il se quitte momentanément pour prendre de la distance, de la hauteur, ne pas se laisser envahir par trop d'émotions… et voilà, il vient chercher nos mélodies personnelles, titiller nos souvenirs. Il nous laisse imaginer cette étreinte silencieuse dont nous aurions besoin et qui, par le simple fait de (re)naître dans nos imaginaires imprime les mains de nos papas dans nos dos. Ça pique un peu le cœur, quand comme dans mon cas, mon papa, pas inconnu, n’est plus là depuis 10 ans. Mais heureusement, Adrien est là et on remouline des bras sur du Claude François !

crédit: Guillaume Perret

Merci pour les paillettes, les rires, les chorégraphies et la tendresse. La vie, c’est comme une chanson de variété : les paroles sont parfois un peu merdiques, mais la mélodie est entêtante et chatoyante.


Stéphanie Tschopp



mise en scène, écriture Robert Sandoz
collaboration écriture, mise en scène Adrien Gygax
interprétation Adrien Gygax, Robert Sandoz
avec la participation de Yvette Théraulaz
collaboration artistique Thierry Romanens
scénographie, accessoires, costumes Anne-Laure Futin
lumière, régie générale William Fournier
vidéo Éloi Henriod
photos Guillaume Perret
administration Laetitia Gauchat
production L’outil de la ressemblance
coproduction CCN - Théâtre du Pommier – Neuchâtel, La Plage des Six Pompes – La Chaux-de-Fonds


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