AMÉLIE MÉLO - Cie de l'Éfrangeté

 Aller voir un spectacle jeune public sans gnomes alibis c'est, pour l'adulte que je suis, toujours le gage de remettre le curseur des émotions et de l'émerveillement au bon endroit. L'ambiance est toujours un peu dissipée, ça papote dans les rangées, ça bouge, ça pose des questions à voix haute, ça exprime ses émotions instantanément. Du bonheur à l'état brut, vous dites? Oui, indéniablement. 

Crédit: Sylvain Chabloz

Amélie est une fillette qui débarque dans la vie d'Odile et Roberto. Seuls habitants de leur rue, ce sont deux âmes solitaires qui pour l'une passe sa vie à manger du chocolat et à se passionner pour les records, pour l'autre, tente, tant bien que mal, de cultiver son jardin et de créer de nouvelles variétés de fruits, de fleurs, sans y laisser un doigt, tant il est maladroit. Amélie, avec ses émotions qui débordent, sa tendresse expressive et son imagination un peu folledingue, va bouleverser le quotidien de ces deux voisins qui ignorent tout l'un de l'autre. 

Amélie arrive avec sa maison sous le bras, pousse les mètres carré, et s'installe entre Odile et Roberto. Si l'amitié entre Amélie et le lunaire Roberto est immédiate, Odile, sèche comme un leckerli oublié au fond d'un tiroir, ne peut s'empêcher d'espionner sa nouvelle voisine. Pourquoi fait-elle tant de bruit? Qui sont toutes ces silhouettes qu'elle voit à travers les fenêtres le soir?

Crédit: Sylvain Chabloz

Fortement inspiré par l'univers coloré et tout fait de récup' de Tomi Ungerer, AMÉLIE MÉLO est une ode au "rien ne se jette, tout se recycle", à l'amitié et à la différence. Véritable fable éducative qui sensibilise les plus petit-es à la transformation des déchets, aux bienfaits de l'imagination et au regard que l'on peut poser sur les personnes qui ont une sensibilité un peu plus exacerbée que la moyenne, AMÉLIE MÉLO véhicule aussi un message de tolérance et de respect de l'autre dans ce qui fait sa spécificité, son unicité. Les adultes y troueront aussi des ressorts pour faire exploser les barrières qui les privent, par souci de protection, de recevoir la tendresse dans ce qu'elle a de plus spontané, de plus immédiat. Amélie, petite artiste en herbe dans sa bulle créative, est profondément tournée vers l'extérieur et les autres, et cherche constamment le contact en se cachant sous les paillassons de ses voisins. C'est aussi un regard plein de douceur posé sur ceux que le monde appelle "artistes". Admiré-es ou dérangeant-es, leur place n'est pas toujours très claire et véhicule bon nombre de fantasmes.

Crédit: Sylvain Chabloz

Cette délicieuse petite histoire, racontée tour à tour par un chat roux présomptueux et une souris des poubelles qui se prend pour la fabuleuse petite souris des dents, incarnée par un trio absolument fantastique qui en un tour de voix et de masques donne corps à toute cette galerie de personnages plus touchants les uns que les autres, remplit non seulement les cœurs, mais également les yeux d'une poésie folle. 

A voir encore à Nuithonie, les 20, 26 et 27 mars, à raison de deux représentations par jour. Toutes les infos, ici. Vous n'avez pas d'excuse pour ne pas vous y rendre.

Stéphanie Tschopp


mise en scène Sylviane Tille
texte Robert Sandoz, Sylviane Tille
interprétation Céline Cesa, Amélie Chérubin-Soulières, Vincent Rime
scénographie, costumes, masques Julie Delwarde assistée de Fanny Courvoisier
construction décor Vincent Rime
lumière Mario Torchio assisté de Johan Rochat
musique François Gendre
vidéos Sylviane Tille
technique et régie Gaspard Matile
maquillages Katrine Zingg
stagiaire Valérie Ottet, Sylvain Grangier
administration Emmanuel Colliard
production Cie de L’Éfrangeté
coproduction Equilibre-Nuithonie – Fribourg, Théâtre Am Stram Gram – Genève

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